Soir.
Les martinets passent en formation serrée, leurs cris pointus loin derrière eux. Les corneilles se cornent et se pouettent, volant en bande vers le clocher qui vient de sonner neuf heures. Entre les déchirures des nuages, l’œil rouge du soleil observe le monde et l’obscurité qui commence à envelopper le village. Les grillons, imperturbables, stridulent patiemment.
Dans la haute falaise couverte d’arbres rebelles qui poussent où ils veulent et d’herbes folles courant éperdument le long de la paroi abrupte, chantent les rossignols. Ils égrènent dans l’air frais du soir les notes blanches, les rondes et les noires flutées des mélodies amoureuses qu’ils inventent à chaque seconde. Ils redoublent de trilles et décorent leur chant d’ornements toujours nouveaux, toujours audacieux.
Ils se taisent quand il pleut. Abrités sous la feuille, ils écoutent la musique de la pluie.
