Mots.

Les mots sont beaux. Patience, absolu, venin, frisson, ombre…
Ils emplissent toute la bouche, s’échappent et s’incarnent en celui qui entend. mais, comme ceux qui ne voient pas, ceux-là n’écoutent pas.

Les mots sont beaux, qui disent le champ acidulé, la lumière, le front souple des enfants, les mains noueuses parcourues des résilles bleues, l’élan, nos pieds miraculeux qui marchent sans y penser.

Lire la suite « Mots. »

Hier soir…

Hier soir, nous promenions les chiens. Les murs des maisons de la place chahutaient les chants des rossignols, se les lançant de façade en façade, les faisant résonner et les amplifiant pour les faire entendre bien plus loin que la falaise d’où les minuscules oiseaux chantaient.
Tous les ans, ils nous offrent le plaisir de leurs sérénades, de leurs nocturnes fusant dans l’air parfumé du printemps, de leurs langoureux discours amoureux. J’avais dit, quelques jours plus tôt « tu entends ? Ils sont revenus… » lorsque s’était élevée la mélodie vive et harmonieuse de leur polyphonie. Ils sont plusieurs à chanter dans la nuit.
Le ciel était sombre et la lune était une fine courbe jaune. Plus loin, grosse comme une luciole, blanche et sans scintillement, Jupiter chatoyait. Le chat des voisins, fantôme noir de suie, traversait la place et se faufilait entre les arbres, en chasseur. Ses yeux plats reflétaient par instant des lueurs que son œil accrochait et mettait de côté, petites étoiles mouvantes glissant le long des clôtures…
Arrivés presqu’au bout de la rue, presque à la fin du mur de pierre et de lierre qui sépare le terrain vague de la chaussée a surgi, timide encore, le chant de l’été des criquets et des grillons. La soirée était douce et chaude, assez pour que les grillons sortent de leur menu terrier et accompagnent le chant des rossignols de leur son de crécelle.

Le gras…

Les êtres humains sont très cons. J’imagine que vous l’avez déjà remarqué…

Ils coupent la queue et les oreilles que « le créateur » a donné aux chiens, ils trafiquent la nature, ils ne mangent pas certains aliments comestibles et inoffensifs, parce que c’est pêché, ils mettent des voiles sur les cheveux que Dieu a mis là par erreur, et ils créent des standards pour les corps humains qui sont par essence incontrôlables, et tous différents.

Lire la suite « Le gras… »

Un baiser.

Je veux cueillir les baisers de ta bouche,
De ta bouche qui est un fruit,
Comme une grenade entrouverte
sur l’éclat de tes dents qui brillent entre tes lèvres.
Tes lèvres, ce sont des baisers frais et roses,
des baisers en attente.

Lorsque tu parles, de tes lèvres jaillissent des baisers,
mais tu ne le sais pas.
Il n’y a que moi pour les voir éclore au bord de ta bouche
et s’évanouir dans ton haleine.
Ces baisers sont le trésor de tes lèvres,
que mes lèvres effleurent.
Ils y naissent à ce toucher.
Avant que nos bouches ne se lient, ils n’y en avaient pas,
mais depuis, ils éclosent comme des fleurs dans la rosée.

Lire la suite « Un baiser. »