Liberté

J’ai vu la liberté.
C’est une pie
qui vit dans l’arbre de la place
et qui jacasse,
le bec au vent.

J’ai vu la liberté.
C’est un poisson d’argent
nageant entre deux eaux
Et qui joue à caresser ses flancs
aux cheveux verts
des ondines.

J’ai vu la liberté.
C’est un chamois
bondissant
le long de la muraille de pierre
de son royaume.

Je l’ai vu.
Libre.
Le merle voleur
Qui vole les cerises
et s’enfuit en riant.

Dans la nuit,
j’ai vu la liberté.
Elle chevauchait
la chouette furtive,
qui planait, les ailes étendues.

J’ai vu la liberté,
C’est la mésange en bonnet noir
qui cherche un grain
dans le vieux pot,
C’est le renard
qui nous regarde entre les feuilles
du fourré,
et qui s’en va, suivi de sa queue de feu.
C’est la biche et son petit,
le soir,
à la lisière du bois.

J’ai vu la liberté,
Dans l’œil de la panthère
en cage,
faisant les cent pas
derrière les barreaux.
Je l’ai vu dans la vipère
zébrant la route
et trouvant son salut
dans les herbes hautes,

Dans les bêtes détestées,
j’ai vu la liberté.

Dans tous les êtres
qui volent
qui courent
qui rampent
J’ai vu la liberté.

Elle n’a pas de nom,
et ne peut être dite,
ni être appelée,
ni être décrite.
Elle n’est ni sujet
ni objet.
Ni désir,
ni loi.
Elle est éternelle,
mais fugace comme un vol de chauve-souris
qui fend l’air de son corps doux.

Savent-ils qu’ils sont libres,
ceux qui le sont ?

Charles Harper. Desert Night, in The Golden Book of Biology, 1961








Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s