L’eau qui coule dans ma bouche,
C’est l’eau verte des jardins.
Abreuvée de palpitations infinies,
La vie ruisselle.
L’eau verte des jardins, c’est la mare
immobile, peinte de gouache mate, brouillée un instant
Par le saut de la grenouille.
Son passage laisse voir une eau noire.
Une eau profonde comme un œil
que la paupière de l’eau
recouvre.
Ploc.
L’eau de la mare cache sa nature de ténèbres sous sa peau verte.
Les insectes de l’eau y marchent à l’envers,
de leur long pas d’araignée.
Quelles sont les bêtes sombres, les limaces sanglantes,
Les poissons enchevêtrés de mousse de ses fonds mystérieux ?
Ils écartent les végétations ternes pour regarder le ciel,
Dévoilant en silence la nuit des eaux dormantes.
L’eau verte des jardins reposent dans des pots.
Laissés là par la main négligente du jardinier, ils ont recueilli
l’eau des pluies de novembre
et se sont laissés briser par le gel de l’hiver.
L’eau verte des jardins,
C’est le ruisseau qui file des quenouilles de soie
Chahutant comme un enfant léger sur les pierres glissantes.
Les ruissellements arborescents dans le sable
forment des lacs où nait un monde minuscule.
Verte la mare,
Verte la rainette,
Verte l’eau des jardins.
Verte la vie puisée dans l’eau de jade.
Enivrés d’absinthe, les insectes se cognent aux fenêtres.
Toc !
L’eau verte des jardins,
C’est le poison des aconits où vivent
des cantharides métalliques.
C’est le potager rangé.
Guirlande de pois et floraison de concombre,
Anarchie des haricots emmêlés,
Défilés de laitues.
Viridienne germination des menthes et des sauges,
Ombre parfumée des tilleuls,
Terre sèche éclaboussée d’eau verte.
Vert, le jardin mouillé
baigné d’ombre
taché de corolles colorées,
délavé.
Trempé des eaux du ciel.
rincé d’eau verte
qui coule dans ma bouche.

j’ aime beaucoup !
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Merci Julien !
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