Ménopause.

Depuis mon adolescence, j’ai appris à cacher le féminin déplaisant…
Déplaisant pour qui, je ne le savais pas, mais je sentais confusément qu’il y avait des choses à cacher.
La féminité était sale.
La féminité était sauvage.
Et il convenait de la dompter. D’épiler ces poils inconvenants qui disaient que je devenais une femme, de m’arranger, de porter un soutien-gorge, parce que les mignons bourgeons de mes seins débutants étaient impudiques, même sur un corps innocent comme le mien. De ne pas montrer mon ventre, mes cuisses. Mon jeune corps femelle était plein d’interdits. Et sans qu’on me le dise, je l’ai su.
Le pire du corps féminin, pour moi, ça a été les règles. Jamais ma mère ne m’en a parlé avant que ça ne « m’arrive », et même le jour où elles sont arrivées, incongrûment, pendant le job d’été de mes quinze ans, même si mes copines m’avaient déjà mise au parfum, j’ai eu peur, et j’ai été bien embêtée de ne pas savoir quoi faire. Papier-toilette et coton ont fait l’affaire jusqu’à mon retour à la maison. Je n’ai pas reçu de discours du genre tu es une femme, maintenant. Ma mère m’a donné des serviettes hygiéniques de son paquet à elle, et c’est tout. Ce n’était pas à propos des règles que nous aurions une intimité féminine. Les règles sont désagréables et ne présentent pas d’intérêt. Point.

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Curriculum…

De 1960 à 1965, j’ai appris à manger, à m’asseoir, à marcher, à courir, à parler, à tenir debout, assise, couchée, et à être propre. J’ai appris à rire, à jouer, à avoir des copines, à vivre dans mes rêves, à regarder les fourmis dans leur fourmilière, les hannetons dans les arbres. J’ai appris à être une enfant.

De 1965 à 1975, j’ai appris à lire, à écrire, à compter, à nager, à faire du vélo, à laver, cuisiner avec Madame Ferris, passer l’aspirateur, à le brancher sans prendre de châtaignes, à découper et à coller, à faire les vitres, coudre, crocheter et tricoter. J’ai appris à chanter, à parler anglais et espagnol, à m’amuser, avoir des amis, faire des devoirs sur table, lancer le poids, sauter en hauteur et en longueur, à prendre le train et le métro, à être grande.

De 1975 à 1981, j’ai appris à dessiner, peindre, voir, écouter, savoir, mais aussi à aider, soutenir et assister. J’ai appris des poèmes, et à être libre. J’ai appris à aimer, à souffrir et à être passionnée. J’ai passé un nombre insensé d’unités de valeur, ce qui ne veut rien dire, et un diplôme. J’ai construit un petit théâtre, des marionnettes pour y jouer, j’ai peint des costumes, j’ai pris le métro avec un carton format grand aigle. J’ai voyagé, je suis allée à Rome, Sienne, Naples et Venise, mais aussi à Amsterdam et à Los Angeles… J’ai appris à être une jeune fille…

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