Aujourd’hui, un ciel de taupe mouillé qui ruisselle sur la route vernie d’eau.

Aujourd’hui, un ciel de taupe mouillé qui ruisselle sur la route vernie d’eau.
Il pleut ce matin… La petite pluie grise et fine de septembre qui enfouit les couleurs dans un brouillard d’eau et fait rouiller les feuilles. Les arbres de la place pleurent par en dessous et laissent divaguer leurs branches fatiguées, arrosant au passage les voyageurs qui viennent de la gare, et les chiens promeneurs de maîtres. Ils s’ébrouent dans la pluie et reviennent mouillés.
Le ciel est plein d’eau. Les arbres, de leurs longs doigts fragiles, tissent avec la pluie des toiles grises endiamantées. Le fin linon des nuages s’effiloche, laissant voir un carré de gaze bleu pale aussitôt voilé par les franges des nuées fuligineuses qui se fondent et s’unissent et se séparent de nouveau.
Le ciel égaré a laissé ses morceaux entre les sillons, dans la soie des flaques blanches.
Il regarde le monde à l’envers. Un goutte tombe dans le miroir de son œil grand ouvert.
Il pleut.
Comment décrire la douce peau de la rivière tavelée de bulles ?
Assise sur la rive, je regarde l’eau du ciel qui tombe dans l’eau de la terre. Est-ce la même eau ?
La rivière se trouble à cette rencontre, et brouille les reflets du ciel et des arbres.
Les larmes du ciel sur les vitres du salon…
Le temps est comme une goutte d’eau… Transparent, mais plein de pluie.
Pluies dans la chaleur d’un jour d’été.
Le ciel s’en va grondant par derrière les collines pour y cacher de noires rancœurs.
On entend ses derniers grommellements furieux, tandis que les nuages laissent fuir un sillon de clarté furtive…