Vagabonder.

Il est temps de revenir en moi. De parcourir les territoires immenses et libres de la création, qui s’affranchissent de tout dogme, et de tout préjugé, libre de toute habitude. Qui refuse de se conformer, de s’adapter, de se soumettre à une autre logique que la sienne, qui ne sait prétendre et qui ne peut feindre.
Des territoires inexplorés, uniques parce que ce sont les miens, et que je dois découvrir seule, sans empressement, avec lenteur et gravité. L’inconnue qui est en moi, qui est si vaste, si mystérieuse. Des territoires construits de bric et de broc, avec mes souvenirs, mes blessures, les images aperçues, les parfums de l’enfance, les larmes et la joie.
Qu’est-ce que mon âme a construit avec tout ce fouillis de choses disparates ?
Ce paysage intime bâti au fil du temps dans le secret de mon cœur ébloui, à quoi ressemble-t-il ?

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Qui ?

Qui est là, dans ce monde, pour nous regarder, et pas seulement nous voir ? Qui nous écoute, et ne se contente pas de nous entendre ? Qui nous comprend sans nous juger, et nous accepte sans nous comprendre ?
Qui nous épargne ?
Et nous frôle sans nous heurter ?
Qui nous accompagne sans nous diriger ?
Parfois, le matin, cette impression de solitude universelle m’étreint, et je voudrais aimer toute l’humanité…

Ne pas se souvenir.

La vie répare avec l’oubli…
L’oubli des chagrins, des deuils, des heures sombres, des transes adolescentes, des fébrilités de l’ignorance. L’oubli des souffrances, des déchirements, des départs. L’oubli des oublis qui ont blessé.
Avec le chiffon du présent, la mémoire efface les meurtrissures du passé.
Tout se fond en une mer d’émotions muettes d’où surgit parfois un souvenir, comme un cadavre agité.

Les jours.

Les jours, comme des larmes, comme des grains de riz, comme des pétales de cerisier, comme les vents maussades, comme la pluie.
Les jours, qui vont à grand bruit, dans le fracas des villes, dans le tumulte de la jeunesse, dans le fardeau du tout venant.
Les jours, dans le silence, dans l’abandon, dans le blanc des doigts de neige.
Les jours, qui ruissellent comme des larmes.
Comme des rivières de pleurs inconsolés.