Le champ au soleil.
Les sauterelles et les criquets
se frottent la panse…
Étiquette : été
Le champ.
La nuit a éteint la lumière et le champ s’est tu un moment, puis les harpes de vent des grillons ont commencé à chanter. Les vers luisants s’éveillent, petits réverbères d’un monde minuscule.
Été.
Été.
Fouillis de champ. Le ciel a laissé des chiffons bleus dans la chicorée sauvage…
Les saisons.
Marcher pieds nus dans la nuit sur le carrelage froid, ouvrir le réfrigérateur pour boire de l’eau glacée, écouter les pales du ventilateur couper l’air en frais petits quartiers, entendre les bruits de la nuit se faufiler entre les persiennes.
C’est l’été.
Les saisons.
Les moutons des nuages moutonnent en troupeaux sages vers l’horizon.
Un train passe au loin.
La rivière coule en un bruit de frisson.
Été.
Sud…
Longues routes qui déroulent leur ocre clair jusqu’à l’horizon, striées de l’ombre noire des oliviers.
Toute ombre est noire, sous le soleil. Toutes les couleurs s’affrontent sans tendresse dans la lumière. Le ciel de cobalt et la plaine blonde, les cyprès de vert sombre, les restes d’une mare opaline dans laquelle se noie le reflet d’un nuage solitaire.
Le champ.
L’année dernière, mes poèmes étaient remplis du bruissement du champ. Cette année, silence…
Le champ est mouillé.
Le champ.
Les foins sont faits. Le champ a été rasé de près… Où les papillons vont-ils se donner rendez-vous ?
Éclat…
Samedi matin. Des balayures de la terrasse, un insecte de métal vert qui s’enfuit en courant.
Enfance.
Obscur couloir frais, empli de la rumeur
de courses enfantines.
Celle que je fus
joue, seule, quelque part, à l’ombre d’un platane,
ou, assise sur la marche rouge.
Mon ombre sent la fraîcheur de la tommette
dans le silence poussiéreux,
La fièvre de l’après-midi,
le paisible ennui estival,
les volets mi-clos.
La tête bourdonnante, je me sens hanneton…
Pensive, un moment,
j’entends les échos de leur jeu dans la cour,
J’observe, au travers des carreaux,
leur silhouette colorées,
lumineuses,
vivantes.
et les maigres tiges des roses trémières,
frémissant dans la chaleur blanche.
Le souvenir d’avoir été plus innocente encore…
Le cortège rouge et noir des insectes.
Le mur de briques rouges.
Le bistre des ferrailles,
le toit écroulé,
promenade de chats.
Et, dans la véranda (laissé là sur la table)
le dessin régulier d’une patience.