Marcher pieds nus dans la nuit sur le carrelage froid, ouvrir le réfrigérateur pour boire de l’eau glacée, écouter les pales du ventilateur couper l’air en frais petits quartiers, entendre les bruits de la nuit se faufiler entre les persiennes.
C’est l’été.
Catégorie : Le Monde
Les saisons.
Les moutons des nuages moutonnent en troupeaux sages vers l’horizon.
Un train passe au loin.
La rivière coule en un bruit de frisson.
Été.
La vie des plantes…
La fougère qui vit chez nous a très mauvais caractère. Solitaire et irascible, elle ne supporte pas la présence de ses congénères… Le lierre de la cuisine est en revanche joyeux et amical. Il s’épanouit sans complexe et va finir par entourer le basilic de ses bras verts…
Sud…
Longues routes qui déroulent leur ocre clair jusqu’à l’horizon, striées de l’ombre noire des oliviers.
Toute ombre est noire, sous le soleil. Toutes les couleurs s’affrontent sans tendresse dans la lumière. Le ciel de cobalt et la plaine blonde, les cyprès de vert sombre, les restes d’une mare opaline dans laquelle se noie le reflet d’un nuage solitaire.
Pluie.
Le ciel est plein d’eau. Les arbres, de leurs longs doigts fragiles, tissent avec la pluie des toiles grises endiamantées. Le fin linon des nuages s’effiloche, laissant voir un carré de gaze bleu pale aussitôt voilé par les franges des nuées fuligineuses qui se fondent et s’unissent et se séparent de nouveau.
Le ciel égaré a laissé ses morceaux entre les sillons, dans la soie des flaques blanches.
Il regarde le monde à l’envers. Un goutte tombe dans le miroir de son œil grand ouvert.
Il pleut.
Comment décrire la douce peau de la rivière tavelée de bulles ?
Assise sur la rive, je regarde l’eau du ciel qui tombe dans l’eau de la terre. Est-ce la même eau ?
La rivière se trouble à cette rencontre, et brouille les reflets du ciel et des arbres.
Oiseaux.
Est-ce que les merles chantent en mode mineur ?
Vagabonder.
Il est temps de revenir en moi. De parcourir les territoires immenses et libres de la création, qui s’affranchissent de tout dogme, et de tout préjugé, libre de toute habitude. Qui refuse de se conformer, de s’adapter, de se soumettre à une autre logique que la sienne, qui ne sait prétendre et qui ne peut feindre.
Des territoires inexplorés, uniques parce que ce sont les miens, et que je dois découvrir seule, sans empressement, avec lenteur et gravité. L’inconnue qui est en moi, qui est si vaste, si mystérieuse. Des territoires construits de bric et de broc, avec mes souvenirs, mes blessures, les images aperçues, les parfums de l’enfance, les larmes et la joie.
Qu’est-ce que mon âme a construit avec tout ce fouillis de choses disparates ?
Ce paysage intime bâti au fil du temps dans le secret de mon cœur ébloui, à quoi ressemble-t-il ?
Nuages.
Hier soir, un nuage faisait la planche dans le bleu du ciel…
Arbre.
Elles se dressent comme des bras orphelins, les branches, et avec la grâce de doigts infinis, elles caressent le vent…
Envol.
Le trait bleu, net et discontinu, du martin-pêcheur rature la rivière. Il était là, pensif, sur le pilier de l’écluse… Il n’est plus qu’un éclair de cobalt.